Le carmel de Cornillon
Le 7 août 2017, une célébration a eut lieu au sanctuaire pour remercier les soeurs carmélites pour leur présence à Cornillon depuis si longtemps. Trop peu nombreuses et âgées, elles ont quitté leur cher carmel pour rejoindre un autre carmel ou une maison de repos.
Histoire de la fondation du Carmel de Cornillon
L’an 1856, l’abbé Stiennon, curé de Chênée, prenait l’engagement de faire admettre au Carmel du Potay, à Liège, une jeune fille dont il avait rencontré la famille dans un pèlerinage à Rome. Il n’avait pas prévu la réponse des religieuses : leur couvent était au grand complet et, seule, la perspective d’une fondation nouvelle pouvait permettre des admissions supplémentaires.
M. Stiennon confia son embarras à Mgr de Montpellier qui accepta tout de suite l’idée d’un nouveau Carmel à établir dans son diocèse, pourvu que ce ne fût pas à Liège. Les carmélites, averties par l’évêque même, agréèrent la proposition.
Deux ans s’écoulèrent sans que l’on trouvât une propriété convenable. La mère Marie-Alphonse, du couvent du Potay, que l’on avait désignée comme fondatrice de la nouvelle communauté, eut alors la pensée de « Cornillon relevé par un Carmel » :
« Je ne puis laisser passer cette expression sans manifester l’amertume qu’un grand nombre de fidèles éprouvent de ce que le chœur du XII° siècle, devant lequel Julienne pria, soit inaccessible, même aux regards du public.
L’excellent journaliste catholique Mgr Schyrgens écrivit : « L’antique sanctuaire de Cornillon, conservé dans son primitif aspect, où le ciel s’ouvrit au regard extatique de Julienne, est gardé par les anges du Carmel, et, de loin en loin, la solitude du Paray-le-Monial liégeois voit venir quelques pèlerins étrangers, attirés par ce renom fameux, étonnés du silence présent. C’est pourtant là que gît la source mystérieuse d’où s’est épanché par le monde et les siècles un fleuve de gloire et de sanctification. L’accès du sanctuaire est même protégé depuis peu par une clôture papale et les derniers pèlerins à qui j’ai vu refuser l’entrée sont les évêques chinois de passage dans notre ville. »
La commission des hospices civils, héritière de la maison des malades de Cornillon, avant de vendre celle-ci, mit aux sœurs la condition de ne jamais y établir un hôpital ou un orphelinat . L’évêque de son côté, qui n’avait pas voulu d’abord un second Carmel dans sa ville épiscopale, consentit à faire exception pour le précieux sanctuaire de Cornillon. L’établissement fut acquis le 17 mai 1859. On avait entre-temps décidé d’en confier l’aumônerie aux pères carmes ; ils s’y installèrent les premiers avant de partir occuper Vaux sous Chèvremont.
Le 30 septembre 1860, les carmélites prirent possession en grande pompe de leur demeure récemment restaurée. Il était quatre heures et demie, le temps était superbe.
Mgr Gonella, nonce apostolique, Mgr Malou, évêque de Bruges, Mgr de Mercy d’Argenteau, doyen du chapitre de la cathédrale, Mgr de Montpellier, évêque de Liège, les pères carmes, un nombreux clergé et les membres de l’archiconfrérie du Très-Saint-Sacrement de Saint-Martin leur firent cortège à partir du couvent de l’Espérance, où la réunion était fixée.
Les six carmélites furent accompagnées chacune par une sœur de la Sainte Famille. Une foule innombrable se pressait sur le passage de la procession . Il y avait du monde jusque sur les toits.
La maîtrise de la cathédrale exécuta les chants du salut, lequel fut suivi d’un sermon de Mgr de Montpellier et d’un Te Deum solennel. Le lendemain à sept heures, le nonce célébrait la messe, à l’issue de laquelle, accompagné de l’évêque et de Mgr Malou, il procéda à la bénédiction de la maison et prononça la clôture.
Les carmes ont depuis longtemps quitté Cornillon. Ils ont été remplacés par un aumônier du clergé séculier. Le maître-autel actuel de la chapelle ainsi que les deux autels latéraux datent de 1866, et sont un don de la famille de Montpellier, à l’occasion de la prise de voile de Madame Vve Moreau d’Andoy, née Laure de Montpellier. Le chœur du XII° siècle fut orné de peintures à la même occasion.
Après la guerre, la chapelle publique a été complètement repeinte et l’on y a placé des vitraux exécutés par Louis Grossé, de Bruges. Ils rappellent des épisodes de la vie de sainte Julienne. Ces dépenses ont été couvertes par des ressources recueillies un peu partout et en particulier au pays des dollars…
Le célèbre historien liégeois d’origine arlonaise Godefroid Kurth écrivit : « Planant au-dessus du souvenir de tant d’agitations qui n’ont en rien servi le progrès social et le bonheur des individus, la Fête-Dieu survit seule à ce long et orageux passé, reliant le Ciel à la Terre et réconciliant tous les hommes dans la joie du culte eucharistique ».
L’ordre des carmélites
L’Ordre du Carmel est un ordre religieux catholique contemplatif. Ses membres sont appelés Carmes (pour les hommes) et Carmélites (pour les femmes). Leur père spirituel est le prophète Élie. Fondé par des ermites sur le mont Carmel en Palestine à la fin du XIIème siècle, les premiers Carmes quittent leurs ermitages au début du XIIIème siècle pour se réfugier en Europe. Après bien des tribulations, l’ordre érémitique se transforme en ordre monastique. Il connaît de nombreuses réformes dont la plus marquante est la réforme instituée par Thérèse d’Avila au XVIème siècle.
Initialement contemplatif, la spiritualité du Carmel évolue lors de son retour en Europe et de la fin du mode de vie érémitique. Après l’approbation d’Innocent IV en 1247, le charisme du Carmel se développe selon une double dimension : une vie contemplative et une vie apostolique (vie mixte). La mission apostolique se retrouve dans la paternité d’Élie, le « prophète de Feu », vénéré dès les premiers temps par les ermites sur le Mont Carmel. La Vierge Marie, vénérée sous l’appellation de Notre Dame du Mont-Carmel, est également très présente dans la spiritualité carmélitaine.
L’oraison est un temps de prière à laquelle le carme doit se consacrer. Ce temps de prière est décrit dans la Règle comme un « veiller dans la prière ».