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Dès la fin de la NightFever, ouverture de la nuit d’adoration à la cathédrale saint-Paul de Liège.

Prier la nuit – Une nuit au soleil du Saint-Sacrement.
Nombreux sont les fidèles, quand l’obscurité envahit les villes et les villages, qui se relaient devant la centaine d’ostensoirs rayonnant nuit et jour. Une heure de sommeil en moins pour d’indénombrables intercessions.

VOTRE MANQUE DE SOMMEIL SERA OUBLIÉ ! VOTRE MANQUE DE SOMMEIL SERA OUBLIÉ !
Dieu est le maître du temps. Le temps que vous lui donnez au milieu de la nuit vous sera rendu. La joie que vous ressentirez le jour suivant pour ce que vous avez donné à Dieu vous fera oublier votre manque de sommeil ! Si la journée suivante est très chargée, vous pouvez toujours vous coucher une ou deux heures plus tôt la nuit précédant ou succédant celle où vous devez vous lever…

Conférence de Monseigneur SANTIER sur l’Adoration eucharistique
Pèlerinage du Diocèse de Créteil à la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, lieu de l’adoration perpétuelle – 14 février 2009

C’est avec joie que je me retrouve au milieu de vous ce soir, pour vous parler de l’adoration.

1. Je crois que d’abord, adorer c’est se laisser aimer. Pendant le temps d’adoration, il s’agit surtout de se laisser aimer, regarder, par le Christ. L’apôtre Jean nous dit : « En ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés le premier » (1 Jn 4,10). Pour vivre l’adoration, il faut renverser la perspective : nous croyons que c’est nous qui sommes tournés vers le Seigneur, mais en fait c’est lui qui est tourné vers nous. C’est lui qui pose d’abord sur nous son regard, c’est lui qui nous aime en premier, c’est lui qui nous a toujours aimés et qui nous aime depuis toute éternité… Hier soir je me trouvais avec les catéchumènes que je vais appeler au baptême le premier dimanche de Carême, et je relisais avec eux la vocation de l’apôtre Paul dans la lettre aux Galates : « Quand Dieu a révélé en moi son Fils » précédé par : « avant de te former dans le sein maternel, je t’ai connu ». Saint Paul a été visité gratuitement par le Seigneur, et il a relu cette visite à la lumière de la Parole de Dieu, de la vocation de Jérémie ou du prophète Isaïe au chapitre 49 : « Dès le sein de ta mère, j’ai prononcé ton nom ». Cela vaut pour nous : à chaque fois que nous entrons dans ce mystère de l’adoration, l’amour de Dieu nous précède. C’est lui qui d’abord nous aime, qui nous a aimés, et Jésus a donné sa vie par amour pour nous. Souvent, la difficulté est que nous croyons que nous sommes fixés vers le Seigneur, et c’est d’abord lui qui pose son regard sur nous. Nous croyons souvent que c’est nous qui cherchons Dieu, alors que c’est lui qui nous cherche, que c’est lui qui nous attend, que c’est lui qui nous tend les bras.
Et Jésus présent dans l’Eucharistie est celui qui a demandé à la Samaritaine « Donne-moi à boire » (Jn 4,7). D’ailleurs la Samaritaine est étonnée : « Comment, toi, tu me demandes à boire ? » Elle ne sait pas qui lui demande à boire ! Jésus, dans ce temps de l’adoration, c’est lui qui nous aime en premier, lui qui nous a invités à vivre ce temps de grâce, lui qui nous attend, nous dit « donne-moi à boire ». C’est quand même très fort que ce soit Jésus qui ait demandé à boire à la Samaritaine, pour lui faire découvrir toute la soif qu’elle avait en elle… Et Jésus dans le Saint Sacrement est celui qui a crié sur la Croix : « J’ai soif ! » Mais sur la Croix, Jésus n’avait pas simplement soif d’eau parce que les souffrances étaient atroces, quand l’évangéliste nous dit que Jésus a dit sur la Croix « J’ai soif », il nous dit : « J’ai soif de votre amour ». Comme le dit Marie Noël : « L’amour : une source qui a soif ». Du côté de la Croix du Christ jaillit l’amour, jaillissent l’eau et le sang, et cette source a soif de notre amour. Alors, durant ce temps d’adoration cette nuit, laissez-vous regarder, laissez-vous aimer, entendez Jésus vous dire : « J’ai soif, j’ai soif de ton amour »…Donc, adorer c’est d’abord se laisser aimer par celui qui nous aime en premier.

2. Adorer, c’est aussi entrer en relation avec le Père. Et je vous renvoie bien sûr au très beau texte de la Samaritaine : « Crois-moi, femme, l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. Vous vous adorez ce que vous ne connaissez pas, nous nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient, et c’est maintenant, où les véritables adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. Tels sont les adorateurs que cherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c’est en esprit et en vérité qu’ils doivent adorer. » Ce très beau passage dans l’Evangile de Jean du dialogue entre Jésus et la Samaritaine, (Jn 4,21-24) jaillit parce que la Samaritaine a posé cette question : « Nos pères sont adoré sur cette montagne, et vous, vous dites : c’est à Jérusalem qu’est le lieu où il faut adorer. » (Jn 4,20) Les Samaritains rendaient le culte du Seigneur sur le mont Garizim, et les Juifs rendaient le culte du Seigneur, le culte de l’adoration, dans le Temple de Jérusalem. Jésus révèle à la Samaritaine que ce « n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père »(Jn 4,21). Certains ont pensé qu’ici, Jésus faisait allusion à cette attitude qui se dispenserait de lieu de culte pour vivre une religion ; elle serait une religion purement « spirituelle » : mais ce n’est pas cela que Jésus dit. D’abord il dit à la Samaritaine : « Vous adorez ce que vous ne connaissez pas, nous nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des juifs » (Jn 4,22) : c’est-à-dire que nous, comme chrétiens, nous adorons le Christ, mais nous adorons par lui Dieu, qui s’est révélé dans l’Ancien Testament, qui s’est révélé au peuple Juif. Mais Jésus veut la conduire plus loin, et nous conduire plus loin : « L’heure vient, et c’est maintenant » (Jn 4,23) : c’est-à-dire c’est le moment où Jésus se révèle à la Samaritaine. L’Evangile de Jean parle de plusieurs révélations de Jésus : là c’est vraiment une révélation de Jésus à la Samaritaine, et à nous quand nous lisons cet Evangile. « L’heure vient, et c’est maintenant ou les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité » (Jn 4,23). Ici nous est dit le cœur : « adorer en esprit et en vérité », cela ne veut pas du tout dire adorer loin de toute contingence matérielle ; ce qui nous est révélé, c’est que pour adorer vraiment le Père, il faut avoir découvert que le premier adorateur du Père, c’est Jésus. Puisque c’est lui qui « voit le Père ». Dans l’Evangile de Jean, Jésus dira à Philippe : « Qui me voit, voit le Père » (Jn 14,9), mais c’est parce que Jésus voit le Père. C’est lui le véritable adorateur du Père. Et il nous donne cette grâce de pouvoir en lui adorer le Père par le don de l’Esprit Saint. Le mot « vérité » désigne Jésus, et le mot « esprit » désigne l’Esprit Saint. Nous savons bien que l’acte d’adoration de l’Eglise, le point culminant, est l’Eucharistie. Parce qu’à l’Eucharistie est rendu présent le don que Jésus a fait de sa vie en offrande au Père, par amour pour le salut de tous les hommes. A l’Eucharistie, toutes les prières sont adressées au Père, par Jésus dans l’Esprit Saint. A l’Eucharistie, celui qui adore le Père c’est Jésus. Je connais des personnes qui disent : « Quand je suis à l’Adoration ou à l’Eucharistie, j’ai des distractions » ; et bien ça, je comprends, quand la célébration peut être longue, ou que l’on vit un long moment d’adoration, c’est tout à fait normal, mais on est moins culpabilisé quand on sait que Jésus est là, et que c’est lui, Jésus, qui adore le Père. Et il nous donne cette grâce par l’Esprit Saint d’entrer dans sa prière, dans son adoration du Père.
L’apôtre Paul dans la lettre aux Galates nous dit : « La preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils » (Gal 4,6). Qu’est-ce que l’Esprit crie en nous ? « Abba, Père » : la prière même de Jésus. L’Esprit Saint nous fait entrer dans la communion d’amour qui unit Jésus à son Père. L’Esprit Saint, c’est le lien d’amour qui unit le Père et le Fils. Adorer c’est une grâce que nous recevons par l’Esprit Saint, qui prie en nous la prière même de Jésus, qui sans cesse crie : « Abba, Père ». Nous entrons donc dans l’adoration de Jésus, dans la louange de Jésus, dans l’action de grâce de Jésus.

3. Et à l’adoration il nous faut aussi découvrir que l’Eglise, c’est le Corps du Christ ressuscité. Comme baptisés, nous sommes les membres du Corps du Christ. L’adoration, est la prière de toute l’Eglise. Même lorsque nous sommes seuls à vivre l’Adoration, nous ne sommes jamais seuls parce que nous sommes unis à tous les membres du Corps du Christ. Nous vivons vraiment une prière d’Eglise. Souvent, on croit que l’adoration est une prière personnelle, que beaucoup ne comprennent pas, parce qu’ils pensent que c’est une prière individuelle. Non, c’est une prière de l’Eglise. Quand un membre du Corps du Christ prie, adore, ici à Montmartre ou dans d’autres lieux, il est en union avec tous les membres du Corps du Christ : les membres du Corps du Christ souffrant, les membres du Corps du Christ qui prient sur un lit d’hôpital, qui prient dans une prison, qui prient dans leur maison, qui prient dans une église, et à travers le monde entier,il y a toujours des gens qui sont en train de prier, à n’importe quel moment de la journée… Donc nous sommes en communion avec tous les membres du Corps du Christ.

4. Adorer, c’est rendre grâce. Cela nous demande souvent une conversion, parce que la prière d’adoration ne suppose pas que l’on commence par la supplication, puisque l’Adoration prolonge l’Eucharistie, et que l’Eucharistie signifie « action de grâce », c’est le sacrifice d’action de grâce de Jésus au Père. Dans la lettre aux Colossiens, l’apôtre Paul nous dit : « Tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom de Jésus Christ, rendant par lui grâce à Dieu le Père » (Col 3, 17). Jésus est présent dans l’adoration eucharistique, par lui nous rendons grâce au Père. Et comment rendre grâce au Père ? C’est à travers tout ce que nous disons, à travers tout ce que nous faisons, mais qui doit être fait au nom du Christ. L’adoration est en lien avec ce que nous vivons concrètement dans notre vie : est-ce que nos paroles sont toujours des actions de grâce à Dieu notre Père par Jésus ? Est-ce que tout ce que nous faisons est vraiment action de grâce au nom de Jésus-Christ ? Nous ne rendons pas grâce simplement quand nous vivons ce temps de prière, c’est la vie du chrétien tout entière qui est invitée à devenir une action de grâce en union avec la vie de Jésus, puisque toute sa vie, Jésus a rendu grâce au Père. Vous pouvez exprimer pendant ce temps d’adoration devant le Seigneur tous les motifs d’action de grâce : dans votre vie personnelle bien sûr, mais aussi dans la vie de l’Eglise, dans la vie du monde. Ce soir, si je vis l’Adoration, je vais rendre grâce pour cette sœur dont j’ai présidé les vœux définitifs ; j’ai aussi passé une partie de la journée avec les diacres de toute l’Ile-de-France, tous ces hommes qui ont accepté de recevoir une mission pour le service de l’Eglise ; je rendrai grâce avec tous les catéchumènes que j’ai rencontrés hier soir… Vous aussi vous avez des motifs d’action de grâce ! Je pense à ce très beau cantique : « Notre Dieu fait toujours ce qui est bon pour l’homme…Tenons en éveil la mémoire du Seigneur, gardons au cœur le souvenir de ses merveilles ».

5. Adorer, c’est s’offrir, faire de notre vie une offrande. Je renvoie à ce très beau texte du début du chapitre 12 de la lettre aux Romains : « Je vous exhorte, frères, par la miséricorde de Dieu, à vous offrir vous-mêmes en sacrifice, vivant, saint, agréable à Dieu. C’est là le culte spirituel que vous avez à rendre. » (Rm 12,1). Ce qui est très beau chez saint Paul, c’est que le vocabulaire du sacré, le vocabulaire du culte, est transposé du lieu du culte, des offrandes du culte, dans la vie du baptisé. Donc, le véritable culte, la véritable adoration qui est agréable à Dieu, ce ne sont pas des offrandes que nous pourrions faire, c’est l’offrande même de notre propre vie. Nous qui sommes membres du Corps du Christ, comme baptisés nous avons été unis à la mort et à la Résurrection, et nous sommes entraînés par Jésus lui-même à faire de notre vie une offrande. A l’Eucharistie est rendu présent le sacrifice, le don que Jésus a fait de sa vie sur la Croix. Dans l’adoration, si nous contemplons Jésus, nous sommes comme « aspirés » à entrer dans ce qui a été l’essentiel de sa vie : un don. Jésus dans sa vie n’a été, comme le Père le souhaitait, qu’un don d’amour aux hommes. A l’adoration, il n’est pas étonnant que plus nous adorons, plus nous sommes conduits, comme « aspirés », à faire de notre vie une offrande, un don. Retenons que dans cette offrande, nous avons un passage à vivre, et ce passage peut-être quelque fois onéreux, mais dans son Eucharistie, Jésus s’offre à nous dans sa vulnérabilité, sa faiblesse. Et en retour nous pouvons nous aussi lui offrir nos pauvretés, nos faiblesses, nos peines, nos souffrances. On croit qu’il faut toujours offrir ce qu’il y a de plus beau. Mais ce que Jésus attend que nous lui offrions, c’est justement le contraire : ce sont nos limites, nos faiblesses, nos pauvretés, la reconnaissance de notre péché. A ce moment là, lui peut venir nous visiter, dans notre faiblesse, nos limites, pour que nous ayons la force de les offrir au Seigneur. Ce qu’il attend de nous, c’est finalement lui donner notre cœur. Parce que ce que Jésus attend de nous, ce n’est pas simplement que nous lui offrions tout ce que nous faisons pour lui, ce qu’il désire faire plutôt dans l’adoration, c’est faire son œuvre en nous. Ce qu’il veut rejoindre finalement c’est ce que nous sommes, c’est notre être, c’est notre cœur. Pour cette raison, souvent dans l’adoration au bout d’un certain temps, nous nous taisons. On se laisse visiter par le Seigneur dans nos limites, nos faiblesses, nos peines, nos souffrances. C’est là que le Seigneur vient nous visiter et c’est là que nous sommes unis à lui et que nous pouvons lâcher prise, lui abandonner notre vie, nous laisser conduire par son Esprit, par son amour. Comme l’Acte d’abandon à l’Amour Miséricordieux de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, comme la très belle prière du bienheureux Charles de Foucauld, qui reprend la prière de Jésus : « Mon Père, je m’abandonne à vous. Faites de moi ce qu’il vous plaira. Quoi que vous fassiez de moi, je vous remercie. Je suis prêt à tout, j’accepte tout. Pourvu que votre volonté se fasse en moi, en toutes vos créatures, je ne désire rien d’autre mon Dieu. Je remets mon âme entre vos mains, je vous la donne, mon Dieu, avec tout l’amour de mon cœur, parce que je vous aime, et que ce m’est un besoin d’amour de me donner, de me remettre entre vos mains sans mesure, avec une infinie confiance, car vous êtes mon Père. » Cette prière est très belle parce qu’elle se termine vraiment dans la confiance et dans l’abandon au Père.

6. Et je termine par là : adorer, dans une nuit, c’est intercéder. Vous savez que le grand intercesseur, le grand adorateur, c’est Jésus. Il est là, présent, et c’est lui qui prie, comme nous dit la lettre aux Hébreux (7,25) : « Jésus est toujours vivant pour intercéder en notre faveur ». Alors on peut prier bien sûr pour tout ceux que l’on porte en nous-mêmes, pour que Jésus nous assiste dans notre mission, dans notre vie familiale, dans notre engagement professionnel, mais Jésus est présent ici et il désire élargir notre cœur aux dimensions de son amour pour tous les hommes. Dans la nuit nous pouvons prier bien sûr pour le monde, pour la paix dans le monde, pour ceux qui souffrent dans les hôpitaux, nous pouvons prier avec les prisonniers, avec les personnes qui souffrent de la solitude. Dans la nuit il y en a qui angoissent, qui ont peur, il y en a d’autres qui, comme en cette nuit de samedi soir, vont « s’éclater », vont vivre des folies, vont dévier. Nous allons porter tout cela bien sûr devant Jésus. Nous allons aussi prier pour l’Eglise… Comme membre du Corps du Christ, avec le Pape, avec les évêques, nous allons prier pour que le Seigneur continue à donner à l’Eglise les vocations dont elle a besoin.
Et vous voyez que même si vous vous endormez, devant le Seigneur, il y aura toujours les cierges ! Et comme une huile de lampe se transforme en lumière, que nos vies soient prière et clarté dans la nuit.